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lundi 18 avril 2016

473-LE CIMETIÈRE DU CHÂTEAU DE LA VILLE DE NICE-PROJET PÉDAGOGIQUE-27







RICCARDO AURILI (1864-1943) - SUITE ET FIN

J'ai accompli, pendant ces vacances de Pâques, un voyage en Toscane afin d'y vérifier la présence d’œuvres de Riccardo Aurili : le Monument à Luigi Fiaschi du Cimetière des Porte Sante de Florence, les sculptures funéraires du Cimitero Monumentale d'Arezzo, et enfin le Monument aux Morts du village de Pieve Santo Stefano.


LE MONUMENTÀ LUIGI FIASCHI (FLORENCE)

Le Cimetière des Porte Sante est attenant à la basilique San Miniato Al Monte qui domine la ville de Florence. Le Monument à Luigi Fiaschi fait partie d'un carré de tombes situé à l'extrémité orientale du cimetière, sur la terrasse de la galerie de chapelles. On le découvre de dos (2, 50 m de hauteur).






Il est constitué d'une stèle de pierre qui porte le buste du coureur cycliste mort à 25 ans. Sur le devant, la pierre est recouverte d'une plaque de bronze sculptée en bas-relief sur laquelle une figure féminine (Douleur) suspend une couronne de fleurs (symbole d'Amour et de Vie) à une Croix latine de sa taille. La Croix, gravée en son centre du mot PAX est dominée par une lampe à huile logée dans une niche, symbole de l'âme et du souvenir vivants (cf. photo en-tête de l'article), et son montant vertical est entouré d'un lierre grimpant, symbole d'éternité.






La figure féminine, de profil, est vêtue d'une longue robe qui se révèle être à l'antique, du fait de l'agrafe qui attache le tissu sur l'épaule. La femme semble être en prière, les yeux tournés vers le buste et le ciel, évoquant ainsi la figure traditionnelle de Marie-Madeleine auprès de la Croix. Le journal relatant l'inauguration du Monument, parle cependant de Pietà, faisant référence à la Vierge Marie, Vierge de Douleur.




Au bas de la stèle, la plaque de bronze se prolonge sur la droite par une sorte de parchemin dont le texte est dédié à Luigi Fiaschi, et précise ses dates de naissance et de mort : 11 octobre 1888/14 février 1914. 




Le buste à la française, au-dessus de fleurs de pavot (symbole de Mort et de Résurrection), révèle le port altier et le beau visage de Luigi Fiaschi qui a eu une fin dramatique, poignardé par un homme ivre, à la suite d'une dispute.






Le Monument a été réalisé par Riccardo Aurili entre février 1914, date du décès, et novembre 1914, date de son inauguration (Voir l'article de l'inauguration publié dans La Stampa Sportiva). Nous le savons, Riccardo Aurili était passionné de cyclisme et, accompagné d'un ami français, il avait lui-même, à 30 ans, relié Florence à Paris à vélo, en août 1895 (1277, 5 km en 6 jours, 14 heures et 15 minutes). Il avait de plus réalisé et exposé au Salon de 1893, un buste de M. Corre, champion vélocipédiste
Riccardo Aurili connaissait et admirait probablement Luigi Fiaschi ; de plus, Luigi appartenait peut-être à la famille du sculpteur florentin Emilio Fiaschi (1858-1941) qui vivait à Volterra, la ville où s'était justement réfugié Riccardo Aurili en 1914 (dès août ?), fuyant l'invasion de la Belgique. Le Monument a peut-être été réalisé entre août et novembre 1914, dans un atelier florentin, celui d'Emilio Fiaschi (?) ou bien celui de l'Académie des Beaux-Arts de Florence où Riccardo avait été élève. Riccardo a signé le buste et la plaque sur la droite, et les a fait fondre à Florence, Via del Giudice.








LE CIMETIÈRE MONUMENTAL D'AREZZO

Mon périple toscan s'est continué par la ville d'Arezzo, située à 80 kms au sud-est de Florence. Ma venue dans cette ville était motivée par un article de La Stampa de Turin du 29 septembre 2008 où un expert d'art affirmait : "Riccardo Aurili est un auteur sur lequel nous avons peu de renseignements biographiques. Il créa des bustes et des œuvres, exposa au Salon de Paris et à Florence. Ses œuvres se trouvent dans le cimetière d'Arezzo" (La Stampa - Torino).






Le Cimetière monumental d'Arezzo possède peu d’œuvres sculptées et très peu réalisées dans la période de référence. Grâce aux personnels, j'ai pu visiter l'ensemble du cimetière, des tombes, aux catacombes, en passant par le Chemin de vie conservant les sculptures des tombes disparues. Le géomètre et les archivistes ont de même vérifié s'il existait des traces du sculpteur. Il semble malheureusement n'y avoir aucune oeuvre de Riccardo Aurili dans le cimetière monumental, comme dans les autres cimetières de la ville.


LE MONUMENT AUX MORTS DE PIEVE SANTO STEFANO

Ma dernière visite a eu lieu dans le village de Pieve Santo Stefano, situé à 50 kms au nord-est d'Arezzo, afin de vérifier l'attribution du Monument aux Morts de la Première Guerre Mondiale à Riccardo Aurili, comme expliqué sur le site de la commune : "Nel 1925 viene collocato in Piazza S. Stefano il "Monumento ai Caduti", opera dello scultore Aurili di Firenze" (Storia del Comune di Pieve Santo Stefano).





Déception, là encore, car le monument est clairement signé de l'Atelier d'Antonio Frilli et l'attribution à Aurili vient d'une mauvaise lecture de la signature en hauteur. J'ai d'ailleurs noté, sur Internet, la même confusion entre les deux noms des sculpteurs, à propos d'autres œuvres.





L'attribution du Monument à Riccardo Aurili était d'autant plus crédible que le village était toscan et que Riccardo a réalisé ensuite un Monument aux soldats italiens de la Première Guerre Mondiale, en 1932, au Consulat d'Italie de Nice. Rappelons, de plus, que Riccardo a perdu son seul fils, Aurelio, lors de cette Guerre, en mars 1916.


CONCLUSION

Ma recherche sur ce sculpteur s'achève. Je dois désormais reconnaître qu'en dehors du Monument Luigi Fiaschi de Florence, il ne semble pas y avoir d'autres monuments de Riccardo Aurili en Italie. Les œuvres italiennes qui passent régulièrement en vente sur Internet sont des bustes ou statuettes crées par Riccardo dans sa période parisienne et, davantage encore, dans sa période bruxelloise. 

Il est probable cependant que Riccardo Aurili ait exposé certaines de ses œuvres à Florence, voire créé quelques bustes de personnalités italiennes. En dehors de l'année 1914-15 où il a vécu à Volterra, nous savons qu'il est régulièrement retourné en Toscane, notamment les étés, dans sa famille. Je vais donc corriger la biographie du sculpteur, à laquelle je renvoie dans l'article ci-dessous.



Est-ce pendant l'un de ces séjours en Italie ou lors de son année à Volterra que Riccardo a sculpté Femme nue se séchant, assise sur une jardinière ? Cette oeuvre qui est l'une de ses plus belles créations porte les signatures et inscriptions suivantes,"Prof. R.Aurili - Eseguita sotta la direzione del Prof. R.Romanelli". Si Rafaello Romanelli a été "professeur" dès les années 1880 (au plus tard en 1889), Riccardo Aurili n'a porté ce titre qu'à partir des années 1904/1905. Rafaello est décédé en 1928, ce qui situe obligatoirement cette oeuvre au XX° siècle et réduit la période d’exécution possible entre 1904 et 1928.


- AURILI Riccardo (1864-1943) et ROMANELLI Raffaëllo (1856-1928), Baigneuse ou Femme nue se séchant, assise sur une jardinière, vers 1904-1928,
marbre blanc (figure), marbre blanc (socle), marbre jaune veiné de mauve (jardinière),
 83,5x70x46 cm, Collection particulière (vente Sotheby's, 2014).


- AURILI Riccardo (1864-1943), Médaillon de bronze Art Nouveau, vers 1904-1914 (?),
vente avril 2016, iGavel Auctions.