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mercredi 13 juillet 2016

543-L'OEUVRE D'AUGUSTE RODIN (1840-1917)-3-1880-1889



- RODIN Auguste (1840-1917), Les Fleurs du Mal de Baudelaire et le dessin accompagnant le poème De Profundis Clamavi, octobre 1888-janvier 1889,
l'un des 27 dessins sur l'exemplaire personnel de l'éditeur Paul Gallimard,
plume et encre brune, lavis d'encre brune, sur une page de 18,6x12 cm,
Paris, Musée Rodin.
Vers 1892, il réalisera une tête de Baudelaire pour un monument qui ne verra pas le jour.



LA PORTE DE L'ENFER
La décennie 1880-1889 est marquée par le travail acharné que réalise Rodin pour La Porte de l'Enfer. Il modèle des dizaines de figurines qu'il dispose et multiplie. Le projet grossit sans aboutir et l'abandon, en 1889, du Musée des Arts Décoratifs n'arrêtera pas le travail de l'artiste sur cette Porte jusqu'à la fin de sa vie. Les figures et les groupes créés sont souvent rendus autonomes, modifiés, inversés, dupliqués, complétés ou assemblés, devenant des œuvres à part entière traduites dans le marbre ou le bronze et parfois agrandies dans des versions monumentales.



LES BUSTES
Dans les années 1880, Rodin réalise plusieurs bustes de ses proches et de son entourage.

CAMILLE CLAUDEL
Le travail acharné de Rodin n'a d'égal que l'amour passionnel qu'il va partager vers 1884 avec Camille Claudel qui devient alors son élève, son assistante, sa muse et sa compagne, avec une relation fluctuante qui va durer pendant près de quinze ans.



LE MONUMENT DES BOURGEOIS DE CALAIS
Une commande, envisagée en 1884 et formalisée en janvier 1885, conduit Rodin à travailler sur un autre sujet douloureux, le Maire de Calais souhaitant élever un monument en hommage à l'héroïsme d'Eustache de Saint-Pierre, l'un des six notables de la ville (avec Jean d'Aire, Pierre et Jacques de Wissant, Andrieu d'Andres et Jean de Fiennes) à avoir affronté la mort en remettant en 1347 les clefs de la ville au roi d'Angleterre, à l'issue d'un siège d'un an (Guerre de Cent Ans). Avant même la commande, Rodin s'enflamme pour ce sujet et envisage de représenter l'ensemble des six notables et leur sacrifice collectif, "dans une lente procession vers la mort", portant la chemise des condamnés et la corde au cou (les six notables ont été graciés à la demande de l'épouse du roi d'Angleterre Edouard III).
S'il obtient la commande avec la maquette d'un groupe frontal et héroïque, il n'en évolue pas moins dans son projet, cherchant à individualiser les personnages, les modelant grandeur nature, nus puis revêtus d'une tunique trempée dans du plâtre et en exprimant pour chacun un âge et un sentiment différent face à la mort (désespoir, résignation, courage, impassibilité, indécision). En parallèle, il travaille d'après modèle vivant l'expression des têtes et des mains qui deviennent des œuvres à part entière et seront même réutilisées dans des assemblages.
En 1885, la seconde maquette fait cependant polémique du fait de personnages abattus et davantage individualisés (sans contacts) qui ne donnent pas au monument un aspect héroïque et pyramidal souhaité par le Comité. 
Rodin va continuer de travailler, repoussant le moment de l'achèvement jusqu'en 1889 où l'oeuvre est présentée à la Galerie George Petit. Une nouvelle recherche d'argent permet d'envisager la fonte en bronze du monument. A côté d'une proposition de socle très élevé faisant se découper le groupe sur le ciel, Rodin envisage de le positionner à même le sol, afin de le rendre plus "familier (et faire) entrer le public mieux dans l’aspect de la misère et du sacrifice".  Le monument sera inauguré à Calais en 1895, avec un piédestal de hauteur moyenne entouré d'une grille (groupe actuel sur socle bas).

LES FLEURS DU MAL
Rodin réalise, entre octobre 1887 et janvier 1888, l'illustration de l'exemplaire personnel des Fleurs du Mal (1857) de Baudelaire (1821-1867), de l'éditeur Paul Gallimard, avec 27 dessins à la gouache et lavis, dans la veine de ses "dessins noirs" du début des années 1880.

L'EXPOSITION DE 1889 AVEC CLAUDE MONET
Les deux artistes qui ont le même âge se rencontrent au milieu des années 1880. Ils s'admirent et se respectent, et resteront liés toute leur vie, se soutenant et échangeant des œuvres. Ils participent en commun à des expositions de groupe, notamment à la Galerie parisienne Georges Petit, et y exposent seuls tous les deux en 1889.
Rodin expose 36 sculptures et Monet 145 peintures. Rodin qui installe certaines de ses œuvres à la dernière minute, et notamment le plâtre monumental des Bourgeois de Calais, masque cependant sans tact, l'un des murs où sont accrochés les tableaux de Monet.

LE PENSEUR
A l'exposition de 1889, Rodin présente notamment l'un des plâtres du Penseur. Créée en 1880 pour La Porte de L'Enfer, cette figure devient autonome dans les années suivantes, traduites en deux versions de plâtre, l'une d'environ 70 cm, de la même taille que dans La Porte, et l'autre réduite à environ 37 cm. Exposée pour la première fois à Copenhague en 1888, cette figure connaîtra un succès immense, verra de petites et moyennes versions éditées en bronze dans les années 1898-1918 (Rodin en cède les droits à la Maison Barbedienne) puis la réalisation d'un version monumentale en plâtre en 1903, éditée en bronze en 1904, avec une épreuve placée devant le Panthéon en 1906 (actuellement dans le jardin du Musée Rodin, Paris). Une autre épreuve sera installée dans le jardin de Meudon, sur la tombe de Rodin et son épouse.
Cette figure doit beaucoup au puissant Torse antique du Belvédère (I° s. av. J.-C., que Rodin connaît par une copie), aux figures de Michel-Ange influencées par lui, au point que ce torse est dit également Torse Michel-Ange (nus peints au plafond de la Chapelle Sixtine, 1508-1512) et en particulier au portrait de Laurent de Médicis réalisé pour son Tombeau (1526-1531), mais également à la sculpture du XIX° siècle d'Ugolin (1862) par Jean-Baptiste Carpeaux (dont Rodin reprend le thème) inspirée de Michel-Ange.



- RODIN Auguste (1840-1917), Le Penseur, 1880,
plâtre patiné, H : 71, 5 cm, Paris, Musée Rodin.

- APOLLONIOS, Torse dit du Belvédère, I° s. av. J.-C.,
marbre, H : 159 cm, Vatican, Musée Pio-Clementino,
une copie en plâtre existe à l'ENSBA de Paris, depuis 1838.

- MICHEL-ANGE (Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni dit, 1475-1564), Tombeau de Laurent de Médicis, détail, vers 1526-1531,
marbre, 630x420 cm, Florence, Nouvelle sacristie de la basilique San Lorenzo. 

- CARPEAUX  Jean-Baptiste (1827-1875), Ugolin (et ses enfants), 1862,
bronze fondu par Victor Thiébaut
194x148x119 cm, Paris, Musée d'Orsay.


- RODIN Auguste (1840-1917), Adam ou La Création de l'homme, 1880-1881,
bronze, fonte Susse, 1917, 197x76x77 cm, Paris, Musée Rodin,
l'artiste envisage dès 1881 de placer 2 grandes figures de part et d'autre de la Porte de l'Enfer,
Adam semble désigner l'argile du sol dont il est issu.

- RODIN Auguste (1840-1917), Ève, 1881,
bronze, fonte Alexis Rudier, 1911, 172,4x58x64,5 cm, Paris, Musée Rodin,
oeuvre en petite version montrée au public avec succès dès 1882,
oeuvre en grande version inachevée et marquée par la trace de l'armature au pied droit, présentée seulement au public en 1899,
Ève est ici la femme d'après le Péché Originel, et elle est influencée par les Esclaves (Louvre) de Michel-Ange.


- MICHEL-ANGE (Michelangelo BUONARROTI dit, 1475-1564), Captif dit "l'Esclave mourant" (Tombeau de Jules II), vers 1513-1515,
marbre, H. : 227 cm, Paris, Musée du Louvre,


- RODIN Auguste (1840-1917), Ugolin entouré de trois enfants, vers 1880,
crayon, plume, lavis, encre et gouache sur papier, 17,3x13,7 cm, Paris, Musée Rodin,
Rodin, avec la commande de La Porte de L'Enfer, se plonge dans la lecture de La Divine Comédie de Dante et réalise une centaine de dessins dits "noirs" par leur technique et leur sujet, afin de s'imprégner de l'ouvrage, et il s'attache, parmi le récit des rencontres des âmes errantes par Dante et Virgile à à l'histoire d'Ugolino della Gherardesca (chant 33).

- RODIN Auguste (1840-1917), Ugolin et ses enfants, vers 1881,
plâtre, 41,5x40,3x58,7 cm, Paris, Musée Rodin,
ce thème, issu de La Divine Comédie de Dante et de nombreuses fois dessiné par Rodin, montre Ugolin prisonnier dans la tour de Pise, rendu fou par la faim en train de ramper près du corps de ses enfants mourants et s'apprêtant à dévorer leur cadavre, ce qui lui vaudra la damnation, sujet déjà traité par Jean-Baptiste Carpeaux en 1861.


- RODIN Auguste (1840-1917), Ugolin et ses enfants, vers 1904,
bronze, 133,50x140x194 cm, Paris, Musée Rodin, centre du bassin du jardin,


- RODIN Auguste (1840-1917), La Femme accroupie ou La Luxure, vers 1881-1882,
terre cuite, 25,5x21x21 cm, Paris, Musée Rodin,
sculpture-bloc (selon la conception de Michel-Ange) appartenant à La Porte de l'Enfer (vers 1881-1882), 
elle est légèrement modifiée et agrandie vers 1906-1908, avant d'être fondue en bronze en 1909 (85,8x60x52 cm).

- RODIN Auguste (1840-1917), Je suis belle, 1882,
plâtre, 69,8x33,2x34,5 cm, Paris, Musée Rodin,
assemblage réalisé dès 1880 pour La Porte de l'Enfer, à partir du renversement des figures de la Femme accroupie
et de L'Homme qui tombe (dans une torsion exagérée),  avant d'en faire un groupe autonome, 
en relation avec le premier vers du poème de Baudelaire, "La Beauté" (Les Fleurs du Mal),
"Il modifia légèrement la figure féminine (base supprimée, bras droit tendu vers le
sol) et celle de l’homme (jambes appuyées au sol, bras remontés et pliés) afin que ce dernier
soulève sa compagne. L’expression de chaque figure se trouve transformée par leur simple
juxtaposition : la pose de l’homme, dos arqué, tête rejetée en arrière, suggère dorénavant
l’effort plus que la souffrance, tandis que celle de la femme prend une nuance d’abandon
qu’elle n’avait pas au départ", François Blanchetière, Rodin et le moulage, 2016.


- RODIN Auguste (1840-1917), Le Baiser, vers 1882,
marbre commandé par l'Etat, 1888-1898, 181,5x112,5x117 cm, Paris, Musée Rodin,
sujet tiré de La Divine Comédie (chant 5), épisode des amours maudites de Francesca da Rimini et son beau-frère Paolo Malatesta, tués par le mari âgé (thème déjà traité par Ingres avec 7 versions du même tableau, entre 1814 et 1819) ; le baiser, signe de leur passion et de leur perte, leur a été inspiré par la lecture de l'épisode d'un baiser échangé entre Lancelot et Guenièvre ;
le groupe positionné au bas du vantail gauche de La Porte de l'Enfer fut retiré du fait de sa représentation d'u moment heureux et exposé avec succès comme groupe autonome dès 1887 ; Rodin mit 10 ans à livrer la commande en marbre de l'Etat d'une oeuvre qu'il trouvait trop consensuelle et appelait son "grand bibelot" et l'exposa face à son audacieux Balzac.


- RODIN Auguste (1840-1917), Buste de Carrier-Belleuse, 1882,
terre cuite patinée, 47x44,1x27,9 cm, Stanford (USA), Cantor Art Centers,
buste de son maître et employeur, le sculpteur Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887), qui fut exposé au Salon de 1882 en terre cuite et édité par la suite en bronze et en biscuit.


- RODIN Auguste (1840-1917), Buste de Dalou,
plâtre stéariné, 52x43x24 cm, Le Hâvre, MUMA,
buste du sculpteur Aimé-Jules Dalou (1838-1902, revenu de son exil de 10 ans après La Commune de Paris),
tête réaliste à la poitrine nue héroïque, 
buste exposé avec succès au Salon de 1884.

- RODIN Auguste (1840-1917), Buste de Victor Hugo, dit "A l'Illustre Maître" (inscription à la base du cou), 1883,
bronze, fonte François Rudier, 1883, 48,5x29x30,5 cm, Paris, Musée Rodin,
afin de se faire connaître, Rodin réalise quelques croquis sur le vif de Victor Hugo (1802-1885) qui refuse de poser
 et travaille des esquisses en terre avant d'aboutir à ce buste, coupé sous la redingote,
son buste rencontre le succès au Salon de 1884.
En 1889, Rodin recevra la commande d'un Monument à Victor Hugo (décédé en 1885).


- RODIN Auguste (1840-1917), Torse d'Adèle, avant 1884,
terre cuite, 11x37,5x16,4 cm, Paris, Musée Rodin,
torse cambré de son modèle italien, Adèle Abruzzesi, que Rodin va réutiliser, compléter (membres) et modifier pour La Porte de l'Enfer
(agrafe à l'angle supérieur gauche) et pour la femme du groupe autonome de L’Éternel Printemps.

- ANONYME, Aphrodite, dite Vénus du type de l'Esquilin, Brindisi, II° s. ap. J.-C.,
marbre de Paros, H : 96 cm, Paris, Musée du Louvre.


- RODIN Auguste (1840-1917), L’Éternel Printemps, vers 1884,
bronze, fonte Alexis Rudier, 1926, 64,5x58x44,5 cm, Paris, Musée Rodin,
cette autre version du baiser, influencée par l'art du XVIII° siècle, conçue pour La Porte de L'Enfer n'y figura jamais
 et connut le succès avec ce groupe autonome traduit en marbre et en bronze

- RODIN Auguste (1840-1917), Tête de Camille Claudel coiffée d'un bonnet, vers 1884 (?),
terre cuite, 25,7x15x17,7 cm, Paris, Musée Rodin,
le visage de Camille inspire et fascine Rodin qui en réalise plusieurs portraits et en reprendra  les traits, dans les années 1890 et 1900, 
dans des portraits allégoriques comme L'Aurore, ou des compositions comme L'Adieu.
Les traces du travail sont ici laissées apparentes comme les boules de terre au coin des yeux ou les traces de coutures du moule.


- RODIN Auguste (1840-1917), Bourgeois de Calaispremière maquette, 1884,
plâtre, 61x38x32,5 cm, Paris, Musée Rodin,
six personnages vêtus de la chemise des condamnés sont placés côte à côte sur un haut piédestal.

- RODIN Auguste (1840-1917), Bourgeois de Calaisdeuxième maquette, 1885,
plâtre au tiers de l'exécution définitive, Paris, Musée Rodin,
avec les personnages simplement réunis par l'emboîtement de leur socles individuels.


- RODIN Auguste (1840-1917), Eustache de Saint-Pierre, tête type A, 1885-1886,
terre cuite, 33,7x21,3x38x24,8 cm, Paris, Musée Rodin,
Rodin enquête en profondeur sur les protagonistes du drame, et croyant à la morphologie régionaliste, il fait poser des gens originaire du Pas-de-Calais.

- RODIN Auguste (1840-1917), Pierre et Jacques de Wissant, main droite, 1885-1886,
terre cuite, 33,8x16,5x38x14,1 cm, Paris, Musée Rodin,
il utilise la même main pour des personnages et des gestes différents mais la présente également d'une manière autonome sur un socle.

- PANNELIER Victor (1840-après 1907), Eustache de Saint-Pierre en terre, vers 1886,
papier albuminé, 37,7x16,7 cm, Paris, Musée Rodin,
photographie prise dans l'atelier boulevard de Vaugirard, retouchée par Rodin à la plume et l'encre noire, et annotée au crayon graphite.


- RODIN Auguste (1840-1917), Monument des Bourgeois de Calais, 1889,
plâtre, 219,5x266x211,5 cm, Paris, Musée Rodin,
les six personnages apparaissent désormais davantage individualisés et dissociés, 
sur un simple socle,
le plâtre a servi pour le bronze de Calais en 1895 et 11 autres exemplaires supplémentaires fondus au XX° siècle.

- RODIN Auguste (1840-1917), Les Six Bourgeois, Calais (monument inauguré en août 1895),
groupe de bronze,  219,5x266x211,5 cm, sur haut piédestal de pierre,
carte postale de 1905, Archives du Pas-de-Calais, et photo récente,
Le monument a été déplacé plusieurs fois et est désormais dépourvu de piédestal.



- RODIN Auguste (1840-1917), La Danaïde ou La Source, vers 1885,
marbre, 1889-1890, 36x71x53 cm, Paris, Musée Rodin,
figure nue et lisse, de dos, faisant corps avec le rocher et l'eau (chevelure fluide),
la Danaïde, condamnée comme ses 59 sœurs à remplir sans fin une jarre sans fond pour avoir tué leurs époux et cousins,
 le soir de leurs noces, sur l'ordre de leur père,
est ici représentée dans un moment de désespoir et d'épuisement,
conçue pour La Porte de l'Enfer, cette figure fut retirée de la dernière version.

- MICHEL-ANGE (Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni dit, 1475-1564), Esclave s'éveillant, détail, vers 1532,
marbre, H : 2,67 m, Florence, Galleria dell'Academia.


- RODIN Auguste (1840-1917), Les Trois Ombres, vers 1885,
plâtre, 97x92x40 cm, Quimper, Musée des Beaux-Arts,
le groupe fut agrandi pour créer un groupe autonome en 1904 (avec les mains entières),
les ombres ou âmes des damnés alignées chacune selon un angle différent et présentées en demi-cercle, dupliquées en miroir (issues du même moule), reprennent la posture d'Adam
avec une exagération très expressive de l'inclinaison de la tête et les mains en partie amputées,
et au sommet de la Porte de l'Enfer désignent l'inscription, "Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance".


- BULLOZ Jacques-Ernest (1858-1942), Grande Ombre dans l'atelier, vers 1903-1904,
épreuve gélatino-argentique, 35 x 26.3 cm, Paris, Muse Rodin,
le modelé boursouflé correspondant au statut d'Ombre, évoque certains bronzes hellénistiques.



- Atelier de RAPHAËL (Raffaello Sanzio dit, 1483-1520), La Pêche miraculeuse, vers 1515-1516,
carton de tapisserie, 500x350 cm, pour les Tentures des Actes des Apôtres pour la chapelle Sixtine de Rome, Londres, Albert and Victoria Museum, 
la posture étrange des bras des Trois Ombres ont été rapprochées de celles des apôtres de ce carton.

- DE CHAMPAIGNE Philippe (1602-1674), Triple portrait du Cardinal de Richelieu, vers 1642,
huile sur toile, 58,7x72,8 cm, Londres, National Gallery,
cette vision triple d'un tableau (à la suite d'un triple portrait de Lorenzo Lotto, 1530, et de celui d'Antoine van Dick, 1635), exposé à Londres a pu de même influencer Rodin lors de ses séjours et la composition du groupe des Trois Ombres.


- RODIN Auguste (1840-1917), L'Enfant prodigue, vers 1886,
grand modèle, 1905, bronze, fonte Alexis Rudier, 1942, 138x87x75 cm, Paris, Musée Rodin,
tiré du corps de l'un des fils d'Ugolin (La Porte de L'Enfer) déjà utilisé dans le groupe Fugit Amor et Tête de la Douleur, ce corps assemblé avec de nouvelles jambes, tendu dans l'imploration et la prière (parabole évangélique).


- RODIN Auguste (1840-1917), Fugit Amor, ou Le Rêve ou La Sphinge, avant 1887,
marbre, vers 1890, 36x71x53 cm, Paris, Musée Rodin,
ce couple maudit et errant de l'Enfer et ce couple érotique baudelairien, deux fois présent dans La Porte de l'Enfer (à nouveau Paolo et Francesca ?) rencontra le succès et fut de nombreuses fois traduit dans le marbre et le bronze,
 ici, les corps inversés aux bras refermés, détaillés et lisses s'opposent au traitement du bloc ;
cet effet de tension, d'imbrication des corps et de flottement n'est pas sans évoquer les groupes de Psyché ranimée par le baiser de l'Amour d'Antonio Canova (1757-1822), 1793, ou celui de Zéphyr et Psyché de Henri-Joseph Rutxiel (1775-1837), 1814, ou plus directement un tableau d'Ary Scheffer (1795-1858), Les ombres de Francesca da Rimini et de Paolo Malatesta apparaissent à Dante et à Virgile, 1855.

- RODIN Auguste (1840-1917), Faunesse (ou Satyresse) à genoux, vers 1887,
marbre, vers 1890, signé et dédicacé « Au Maître Puvis de Chavannes », 55x28x24 cm,
Collection particulière,
la faunesse cambrée est une figure sensuelle, à la figure parfois animale, existant dans plusieurs versions 
dont La Toilette de Vénus, et fondue en bronze dès 1888,
 présente à 4 reprises dans La Porte de l'Enfer, elle se retrouvera également dans plusieurs assemblages 
comme Le Vieil Arbre, Tentation ou Faunesse et coupe antique.


- SCHEFFER Ary (1795-1858), Les ombres de Paolo et Francesca dans la tourmente apparaissent à Dante et Virgile, 1854-1855,
huile sur toile, 171x239 cm, Paris, Musée du Louvre.


- RODIN Auguste (1840-1917), Celle qui fut la belle Heaulmière, 1887,
bronze, fonte 1891, 50x30x26 cm, Paris, Musée Rodin,
motif de l'un des pilastres de La Porte de L'Enfer, présent également sur un vase Saïgon et le relief des Sources taries,
et exposé au Salon de 1890, inspiré d'un poème de François Villon (1431-1463), et de l'esthétique de de la laideur et de la mort de la fin du Moyen-Âge, à partir du même modèle féminin que Jules Desbois (1851-1935), La Misère, après 1894, et Camille Claudel (1864-1943), Clotho (Moire tissant le fil de la vie), 1893.

- RODIN Auguste (1840-1917), Les Sources taries, avant 1889,
plâtre, 66,5x55x61 cm, Paris, Musée Rodin,
l'oeuvre, avec deux figures dupliquées en miroir dans une grotte ombrée,
est présentée inachevée à l'exposition avec Monet, en 1889, avec le cartel suivant,
  "Bas-relief. Deux vieilles femmes. L'une d'elles est à modifier".


- RODIN Auguste (1840-1917), Vase Saïgon, Les Limbes et les sirènes, 1887,
porcelaine dure, 24,7x13,3x13,3 cm,
édition de 1934,  Manufacture de Sèvres, Paris, Musée Rodin,
travail à la Manufacture de 1879 à 1890 ; décor en très léger relief.

- RODIN Auguste (1840-1917) et DESBOIS Jules (1851-1935), Vase décoratif, vers 1890,
bronze, 35,5x24x22,5 cm, Paris, Musée Rodin,
vase de l'époque de la production pour la Manufacture de Sèvres, aux figures contorsionnées.